La gare de Lima se situe derrière le palais présidentiel. Son style est construit dans une architecture du plus pure coloniale. Comme l'armée assure "la sécurité" dans les bâtiments officiels, la file d'attente devant le guichet est parfaitement droite.

    Les Espagnols, Péruviens, Indiens des Andes et touristes doivent obtenir une autorisation pour pénétrer dans la gare.

    Pour dissuader un éventuel coup d'État, les militaires, mitraillette à la main, viennent l'air hagard  fouiller les bagages : cette manifestation de force est surtout faite pour freiner toute velléité.

      Après avoir passé ces contrôles, on arrive sur le quai : là se présentent des voitures peintes de rouge et blanc. L'un des wagons sert aux bagages et les voyageurs confiants n'hésitent pas à déposer leurs effets.

    A 7 h 40, un long coup de sifflet de la locomotive de marque "ALCO" annonce le départ proche à destination "Huancayo" Nùmero uno".

    La sortie de la ville n'a aucun intérêt. Le train roule à environ 80 Km/h et commence à affronter les premières montées. La montagne semble proche.

    N'oublions pas que nous sommes sur la ligne de chemin de fer la plus haute au monde.

     La gare de De chosica (859 m) , le chef de gare annonce que le train est pour deux minutes en gare. En fait, il reste plus longtemps. 

    Les hommes péruviens ont l'habitude de catastrophes naturelles dans ces régions hostiles et s'attendent à tous moments à affronter un tremblement de terre, un éboulement ou glissement de terrain.

    Le train quitte Chosica, les passagers restent muet devant le spectacle qui s'offre doucement à eux.

    Plus il avance, plus les parois de la montagne se rapprochent des wagons et plus la végétation se raréfie laissant place à un terrain fortement escarpé.

    Après avoir dépassé San Bartolomé, le train commence une longue ascension et n'arrêtera plus de serpenter. 3,3%  de pente fait de ce trajet le plus raide du monde et ceux sur 117 km. Un instant le train ne dépassera pas la vitesse du pas, il contourne une montagne, pénètre dans un tunnel. Il reste encore 3000 mètres à gravir. 

    Le train continue de grimper et c'est pour cette raison que nous voyageons en zigzag. Prochain arrêt Matucana (2388 m) .

    Après cette gare, il entame le trajet le plus difficile de son ascension. Le fleuve Rimac se transforme en gorge et les roches s'élèvent très hautes. La locomotive émet un sifflement qui résonne dans le canyon.

    Le Nùmero uno pénètre dans un tunnel en ressort sur le pont Chaupichaca d'où on peut remarquer, quelques mètres plus bas, les restes d'une machine à vapeur tombée en 1909.

    La machine avait quitté la voie et était entrée en collision avec une grue qui réparait le pont. La locomotive, la grue et le pont tombèrent dans le fossé avec 200 passagers. On ne put jamais retirer cet engin du gouffre. Depuis les indiens prétendent qu'il est maudit.

    Le train continue son périple toujours aussi tortueux et pleins d'impromptus. Grâce à un excellent cuisinier , les passagers peuvent savourer les plats les plus rafinés. De temps en temps on approche d'une gare semblable à celle-ci, ce qui permet à ceux qui descendent de croiser ceux qui montent.

    Puis le voyage continue inlassablement à travers ces montagnes gigantesques laissant muets tous les passagers.

    Depuis 1965, les locomotives à vapeur ont été remplacées par des diesels américaines de type Alco ressemblant aux deux machines présentées ci-dessous : ce qu'il faut souligner c'est la performance de la vapeur dans ces contrées hostiles  :  en effet le point d'ébullition de l'eau diminue avec l'altitude et par conséquent la locomotive développe davantage de puissance.